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Le freelance présente de multiples qualités, mais il présente l’inconvénient de coûter plus cher qu’un salarié. Du moins, c’est ce que l’on entend souvent dire...
Mais est-ce vraiment le cas ?
Aujourd’hui, je vous propose de faire le point sur ce mythe très répandu.
Et pour cela, je vais prendre l’exemple de 2 profils de gestion : un assistant de gestion et un responsable administratif et financier.
Vont-ils coûter plus cher à une entreprise en étant salarié en CDI, ou bien en étant freelance ?
On fait le match !
Pour cette expérience, j’ai choisi le métier d’assistant administratif et de gestion, tout simplement parce que c’est le besoin le plus fréquent dans les PME.
Concernant le montant des salaires et TJM des freelances de gestion, je me suis basée sur les tarifs pratiqués en Île-de-France.
Voici donc les chiffres que j’ai retenu :
Et effectivement, ces montants sont bien inférieurs aux TJM pratiqués. Largement même.
Mais comme je le disais, c’est un calcul très simpliste, qui ne tient pas la route.
Voyons maintenant ce que cela donne avec une analyse un peu plus complète, et donc des chiffres plus fiables :
Tout d’abord, un raccourci courant consiste à dire qu’un salarié travaille 225 jours par an, c’est-à-dire le nombre de jours ouvrés. C’est bien évidemment totalement faux.
À ce nombre, vous pouvez d’ores et déjà retrancher :
· 25 jours de congés payés
· 10 jours de RTT (moyenne nationale)
A cela, s’ajoute un taux d’absentéisme de 5,26% (moyenne nationale constatée dans le secteur des services, d’après l’étude 2019 sur l’absentéisme au travail).
Il ne reste donc déjà plus que 178 jours travaillés par an et par salarié.
Ensuite, d’après le calculateur mis gratuitement à disposition de tous sur le site du gouvernement, voici le superbrut obtenu pour chacun des 3 salariés :
Pour rappel, le salaire d’un salarié est en effet composé de son salaire net auquel on ajoute les cotisations sociales, ce qui forme le salaire brut. À cela, il faut également ajouter les cotisations patronales, c’est ce que l’on appelle le super brut.
Ces montants varient en fonction de divers critères. Voici les points importants que j’ai retenu pour cette simulation :
· Entreprise de services installée sur Paris ;
· Moins de 50 salariés ;
· Tickets restaurant de 8€ / jour ;
· Mutuelle à 60€ / mois, avec participation à hauteur de 50% de la part de l’employeur ;
· Dédommagement pour des frais kilométriques à hauteur de 5 km par jour ;
· Contrat à temps plein sans heures supplémentaires (donc 35h /semaine) ;
· Pas de prime ni de 13ème mois.
De prime abord, on pourrait croire qu’il suffit désormais de diviser le superbrut par le nombre de jours travaillés du salarié afin d’obtenir son coût réel.
Mais ce n’est pas si simple. Des frais supplémentaires viennent s’ajouter à ce calcul :
· Les frais de gestion : d’après le Benchmark ADP 2018,chaque salarié français coûte en moyenne 448€ par an en frais de gestion (fonction paie et administration du personnel). Soit 2,51€ par jour travaillé.
· Médecine du travail : obligatoire pour les salariés, elle est peu onéreuse certes, mais ce n’est pas pour autant qu’il faut l’oublier. Comptez environ 0,4€ supplémentaire par salarié et par jour.
· Coût de recrutement : pour recruter, encore faut-il le trouver ! Comptez en moyenne 20% de son salaire brut si vous passez par un cabinet de recrutement. Pour calculer le coût par jour, on considère que le salarié reste 5 ans dans votre entreprise (turn over de 20%).
· Indemnités de rupture conventionnelle : eh oui, il faut également y penser ! Dans le cas d’une rupture conventionnelle au bout de 5 ans, vous devrez verser à votre salarié un mois de salaire brut.
· Équipement du poste de travail : pour équiper un poste complet, de la chaise de bureau confortable à l’ordinateur performant, en passant par les multiples écrans etc., le tout renouvelé tous les 3 ans, je suis tombée sur une moyenne de 6,2€ / jour / salarié. Et honnêtement, je n’ai pas fait de folies, même s’il est important pour un développeur d’avoir du bon matériel.
Vous vous en doutez, avec tout cela le coût réel d’un salarié a encore augmenté. Et si nous regardions ensemble à quel point ? Son prix se rapproche-t-il désormais de celui du freelance ?
Pour le savoir, place aux chiffres concrets ! Et pour ce calcul, rien de tel qu’un tableau détaillé :
Et là je suis sûre que vous vous dîtes « Ah oui, quand même. Je ne pensais pas que ça augmenterait autant ». Eh si.
Comparons maintenant le coût réel d’un salarié en CDI avec celui d’un freelance :
Comme vous pouvez le constater, le TJM du freelance s’est nettement rapproché du coût journalier d’un salarié en CDI. Le RAF reste un peu plus élevé tout de même, mais l’assistant de gestion est plus rentable.
🚀 Et si nous allions encore plus loin ?
Le problème avec un assistant salarié, c’est qu’une fois recruté, son salaire lui est forcément dû. Et ce, quel que soit le volume d’activité de l’entreprise. Tant que l’entreprise a du travail, cela ne pose pas de soucis. Mais en cas de baisse d’activité, y compris si cela est dû à une situation extérieure à l’entreprise (coucou Covid-19 V 2024 ?), cela peut vite s’avérer problématique.
C’est là que réside l’un des principaux avantages du freelance. Vous ne le payez que quand vous avez besoin de lui ! Ses heures sont modulables et son contrat peut s’arrêter à tous moments. Et justement, cette grande flexibilité permet de réaliser des économies.
On appelle cette capacité à pouvoir démarrer / arrêter une relation quand on veut le « start and stop ». Cette flexibilité est comprise dans le TJM du freelance, et nous pouvons la valoriser à hauteur d’environ 10%.
C’est reparti pour des calculs ! Voyons maintenant combien coûte un salarié en intégrant cette variable de 10% :
Finalement, les différences sont minimes et vous payez même votre salarié plus cher qu’un freelance parfois.
Tout au long de cet article, nous avons vu qu’un freelance est généralement cité comme bien plus cher qu’un salarié. Mais j’ai démontré, en prenant des exemples réalistes, que cela était loin d’être toujours le cas. Dans certains cas, le freelance était même plus rentable.
Je suis même intimement convaincue que l’écart peut encore davantage se creuser, en faveur du freelance. Eh oui ! Si vous avez été bien attentif, vous aurez remarqué qu’il y a encore des paramètres que je n’ai pas pris en compte :
· Les évolutions de carrière : eh oui, le petit que vous recrutez dès sa sortie d’école, ne sera plus junior très longtemps… Et son salaire devra être revalorisé. Il en va de même pour les autres d’ailleurs, du moins si vous souhaitez limiter le turn over.
· La formation du salarié : former ses salariés, que ce soit en interne ou via des formations, est indispensable. Surtout dans un domaine comme l’informatique. Or bien sûr, cela coûte de l’argent, rend le salarié inopérant durant quelques jours (car oui, la formation doit se faire sur le temps de travail) et peut là encore entraîner des revalorisations de salaires.
· Primes : je n’ai volontairement pas mentionné ici de primes, qu’il s’agisse de primes exceptionnelles, d’intéressements ou autres… Je n’ai pas non plus accordé de 13ème mois. Or si vous voulez conserver vos salariés sur la durée, vous devriez sérieusement songer à leur accorder quelques bonus.
· Heures supplémentaires : de même, je suis partie sur un contrat classique de 35h hebdomadaire, sans heures supplémentaires. Mais honnêtement, vous connaissez beaucoup de développeurs qui sont à 35h toute leur carrière, vous ? Moi non.
· La productivité : je ne l’ai pas citée car elle est difficile à mesurer. Mais c’est connu que le freelance a tendance à être plus productif que le salarié, tout simplement parce que la satisfaction de ses clients est le meilleur moyen pour lui d’avoir du travail. Eh oui, s’il ne travaille pas assez vite et bien, son contrat pourra facilement être rompu…là où il est bien plus difficile de se débarrasser d’un salarié (bien évidemment, de nombreux salariés ont une excellente conscience professionnelle et font très bien leur travail, cela va sans dire).
· Les activités sociales : si vous êtes une entreprise sympathique, vous organisez sans doute ponctuellement des team building, des pots de départ, des repas (Noël etc.), ou invitez sans doute de temps en temps vos collaborateurs au restaurant… Toutes ces attentions apportent leur lots d’avantages (salariés plus fidèles, meilleure cohésion de groupe, etc.), mais gonflent encore le coût d’un salarié.
Alors finalement, c’est si cher que ça un freelance ? La réponse est simple : pas plus qu’un salarié, si l’on prend tout en compte !
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